changer l'eau des fleurs

  • Changer l'eau des fleurs

    Autrice : Valérie Perrin

    Genre : Contemporain

    Résumé :

    « Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se réchauffer dans sa loge où rires et larmes se mélangent au café qu’elle leur offre. Son quotidien est rythmé par leurs confidences. Un jour, parce qu’un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés, et certaines âmes que l’on croyait noires, se révèlent lumineuses.

    Après l’émotion et le succès des Oubliés du dimanche, Valérie Perrin nous fait partager l’histoire intense d’une femme qui, malgré les épreuves, croit obstinément au bonheur. Avec ce talent si rare de rendre l’ordinaire exceptionnel, Valérie Perrin crée autour de cette fée du quotidien un monde plein de poésie et d’humanité.

    Un hymne au merveilleux des choses simples »

     

    AVIS

    Changer l’eau des fleurs est un roman qui a plu à énormément de monde. De ce fait, il n’est pas surprenant qu’avant même le début de ma lecture, je nourissais des attentes assez grandes. Je ressors mitigée de cette lecture malheureusement.

    TRIGGER WARNING : l’avis est long, un peu vulgaire et des spoilers à tout va ! Si vous avez le courage de lire l’avis en entier, n’oubliez pas de lire aussi le NB.

     

    CE QUI M'A PLU :

    J’ai beaucoup apprécié que le roman aborde de nombreux sujets importants : le besoin d’affection, l’abandon, le deuil, la mort en général, l’espoir, le renouveau, l’homosexualité, le viol, la manipulation ou encore l’adultère. Ce sont des sujets graves, pertinents. J’ai globalement aimé la manière dont l’autrice les aborde. Je pense que le thème qui a été le mieux traité dans ce livre a été la perte de l’enfant et le deuil particulier qui en suit. Cette partie du bouquin m’a vraiment émue et m’a bouleversée. L’autrice a su utiliser des mots justes et poignants.  

     

    Un point qui m’a plu dans ce roman a été le personnage de Violette. Je dois vous avouer qu’au début, ça a été assez dur de m’attacher à elle. Malgré tout, j’ai fini par la trouver très attachante au bout d’un tiers du récit. Elle n’a pas eu une enfance facile, ni une adolescence simple d’ailleurs. Violette est une personne qui a besoin d’affection, d’une famille et ça se ressent durant tout le bouquin. On en vient à comprendre ses décisions, ses actions mais également ses peurs

     

    L’autre point que j’ai apprécié est la fluidité de l’écriture. Les phrases sont souvent courtes, simples et donnent un rythme un peu saccadé. Mais l’ensemble nous permet d’avoir un texte abordable à lire. Il y a également de très belles citations qu’on peut tirer du livre.

     

    Le dernier quart du livre. Voilà. Tout est dit.

    Non je plaisante ! En fait, disons que la fin a été haletante, que la pression montait bien crescendo et que c’était difficile de lâcher le livre à partir de ce point. La petite enquête constitue l’essentiel de cette partie du roman et m’a beaucoup intéressée. Je sentais bien l’adrénaline monter.

     

     

    CE QUI M'A MOINS PLU :

    Alors… Par où commencer ?

     

    Le rythme est lent. Très leeeent. C’est aussi redondant. Et prévisible. Ce qui est assez problématique quand l’ouvrage fait pas moins de 664 pages en format poche. Le fait de deviner les retournements de situation est assez agaçant, je ne vais pas le cacher, mais comme le but premier n’est pas de prédire l’intrigue, je passe au-dessus.

     

    Le 1er tiers du livre été très dur. Au point que j’avais même envisager de l’abandonner. La principale raison de cette envie d’abandon s’explique par le fait que cette partie est essentiellement constituée de flashbacks sur la passé de Violette. Sauf que je n’étais pas encore attaché à elle et de ce fait, je n’arrivais pas à la comprendre. Place à l’incompréhension et à l’exaspération.

     

    A part Violette, j’avoue ne pas avoir réellement pu m’attacher aux personnages secondaires. Bien sûr, il y a des personnages sympathiques. Malheureusement, ils restent assez en surface et ça devient difficile de les aimer plus que ça.

     

    Je suis confuse par rapport aux messages du roman. Je dirais même perdue. D’un côté, on a des superbes messages d’amour, d’espoir et de solidarité et de l’autre… Je vis peut-être dans un monde de bisounours mais je n’ai jamais vu autant de personnages réunis dans un seul livre qui ont tous le même problème : l’adultère. Et puis ça s’envoit en l’air tout le temps aussi ! Pourtant, ce livre n’est pas une romance new adult (je suis mauvaise langue désolée). Je ne plaisante pas quand je dis que ça couche à droite à gauche, pire que des lapins en chaleur. On se croirait dans Bel-ami.

     

    En soit, le fait que quasiment tous les personnages peuvent cocher la case « infidélité » dans un questionnaire, ce n’est pas LE problème.

     

    Par exemple, l’histoire d’amour entre Irene Fayolle et Gabriel Prudent. Je suis supposée faire quoi face à ça ? C’est écrit comme une jolie romance tragique, avec de jolis épanchements amoureux et des répliques à l’eau de rose. Sauf que tout le long de la lecture de ce journal, de 1, je n’étais pas intéressée et de 2, j’étais franchement mal à l’aise. Je ne peux pas trouver romantique une relation adultère. Surtout si je sais que le mari d’Irene est décrit comme gentil, attentionné et aimant (le jackpot mais elle arrive quand même à le tromper). Je n’avais vraiment pas besoin de ces chapitres, que je juge inutiles. Pour être dans la tête d’un connard, il y avait Phillipe Toussaint, le s*laud de 1ère classe. Ca aurait été amplement suffisant.

     

    Autre détail, c’est jamais dit clairement quand des gestes infâmes ont lieu. Le viol, ce terme que l’autrice n’utilisera jamais, est passé en sous-entendu avec une simple phrase prononcée par la victime (Geneviève) lorsqu’elle rencontre à nouveau le violeur (Phillipe): « J’ai eu envie de le toucher, de le désaper, de me désaper, qu’il me prenne, me fasse gueuler comme avant, contre le rocher. Jamais personne s’est détesté autant que je me suis détestée à ce moment-là. » Morale : elle sait que ce n’est pas très sain de penser ça mais bon, il est TRÈS beau et sait la faire jouïr comme personne donc qu’il l’ait violé et qu’il ait laissé un « pote » la violer aussi, ça passera au second plan. Superbe image que ça donne !

     

    Pareil pour Violette. Le mec (Phillipe encore) lui insère sa bite dans le vagin tranquille sans son consentement alors qu’elle faisait semblant de dormir : jamais mis en mot que c’était aussi un viol. Et pour Françoise, c’est encore une autre histoire. Harcèlement en tout genre (sexuel, moral, physique) et devinez par qui ? Phillipe Toussaint mesdames messieurs ! Maintenant, devinez la fin pour voir ? Et oui, elle lui tombe dans les bras ! A aucun moment dans la narration, il n’est indiqué que ce qu’elle a vécu est de la manipulation (on le devine mais voilà, ce n’est peut-être aussi évident pour tous). Mais bon, on dirait qu’une règle tacite a été mise en place dans ce roman :  si tu es une femme et que tu es face à un homme avec une belle gueule, qu’il te viole ou t’harcèle sexuellement, ce n’est pas grave ! Au final, tu te retrouveras avec son pénis dedans et avec plaisir en plus !

    Bon. Peut-être que je déforme « un peu » les messages que l’autrice a voulu transmettre.

     

    Dernier point qui m’a un peu (beaucoup) titillée dans le roman : le personnage de Phillipe Toussaint. Pour les personnes qui l’apprécient ne serait-ce qu’un peu, il va falloir que vous me dites par quelle manipulation mentale vous avez réussi à le faire. Lorsque j’ai appris qu’il est mort face écrasée en première dans le bitume, j’ai sorti mentalement le champagne et les boules de disco. Je n’arrive pas à concevoir comment on peut éprouver de la compassion pour lui ni même de la pitié. C’était un violeur, un harceleur sexuel, un homme violent, un mauvais père, un incapable. Le seul « avantage » qu’il avait, c’était sa belle face et excusez-moi, son passé sombre et douloureux. Sniff.

     

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    En conclusion, je pourrais vous recommander ce livre pour Violette et son histoire passionnante et je sais (vu les tous les autres avis) que ça peut plaire !

     

     

    UPDATE 4-5 ans après la rédaction de cet avis :

    Avec mes années supplémentaires d’expérience de vie, je peux me pencher à nouveau sur cet avis que j’avais rédigé dans le feu de l’action sans vraiment prendre le temps de mariner.

     

    Par rapport aux relations toxiques, je pense désormais que c’est intéressant de voir la manipulation mentale qui a eu lieu et l’emprise encore assez importante qui reste. Je  comprends aussi que la représentations de ces histoires « d’amour » peut être un moyen pour l’autrice de montrer justement la perversité derrière. Et le fait que le mot « viol » ne soit jamais explicitement écrit me gène encore (ex : un cancer est un cancer, faut mettre les mots, ce n'est pas juste un amas de cellules révolutionnaires) mais je peux comprendre que l’autrice a voulu être soit poétique ou éviter d’activer des flashbacks post-traumatiques chez son lectorat.

     

    Malgré tout, je reste sur ma position sur le fait que l’histoire entre Irene et Gabriel est inutile en plus de plomber le rythme de l’histoire, que le focus sur Philippe n’en vaut pas la peine (une cinquantaine de pages en moins n’aurait pas été une mauvaise chose) et que les relations amoureuses quelque peu saines dans ce livre sont tellement en minorité que ça en est bien dommage.

    Alex