Germaine de Staël

Germaine de Staël      Anne-Louise-Germaine vit le jour le 22 avril 1766. Elle était la fille unique  du couple formé par Jacques Necker, banquier genevois, et Suzanne Curchod, blonde, belle et cultivé, maîtrisant le latin. Jacques Necker connut une carrière brillante. Bien que n'étant ni français ni catholique, il fut nommé directeur générale du Trésor royal, puis en 1777, directeur général des Finances de Louis XVI. Défendant un libéralisme tempéré par l'intervention de l'État. Il occupa ses fonction jusqu'à son premier renvoi en 1781. Suzanne, quant à elle, tenait un salon important que fréquentèrent  les meilleurs esprit du temps : Grimm, Marmontel, d'Alembert, ou Buffon. Les habitués favorisaient l'ascension de Jacques Necker, homme du "partie philosophie". La petite "Minette" -ainsi qu'on l'appelaiy alors-, admise au salon des l'âge de 5 ans, put ouïr les conversations, prenant peu à peu conscience que c'était là que se faisaient et se défaisaient les réputation ou que se décidianet les nominations aux postes clés. Aussi la baronne de Staël eut-elle à coeur tout au long de sa vie de tenir salon à Paris ou au chateau parternel de Coppet, voire un temps à Londres, en 1813, où elle réunit une société cosmopolite d'écilés influents. Minette bénéfice par ailleurs d'une excellente éducation classique, Suzanne enseigna elle-même à sa fille. Malgré tout, son père demeura le "grand homme" de son enfance. 

      La fille de Jacques Necker, richement dotée, suscitait les convoitises. Elle finit par épouser à 20 ans l'ambassadeur de Suède, le baron de Staël-Holstein. Le soir de son mariage, le 14 janvier 1786, en changeant de nom, elle décidait aussi de changer de prénom, devenant Germaine de Staël. Cette union pour le moins arrangée ne fut jamais très heureuse. En naquirent quatre enfants : Gustavine en 1787, puis Auguste en 1790 et Albert en 1792 (en fait, tous deux fruit adultérins de sa relation avec le comte de Narbonne rencontré en 1788), et Albertine en 1797 (de sa liaison avec Benjamin Constant). Parues à la fin de 1788, ses Lettres sur les ouvrage et le caractère de J.J. Rousseau, éloge de l'auteur, et dont la lecture contribua à former son style, lui permirent de marquer de loin en loin ses différences avec le grand Genevois.

      Elle avait auparavant écrit plusieurs pièces de théâtre, dont deux furent publiées en 1790 : Sophie ou les Sentiments secrets, en 1786, un drame versifié en trois actes, évoquant les impossibles amours entre une fille et son père adoptif, et en 1787, Jane Gray, une tragédie politique en cinqu actes. Elle n'abandonna jamais l'écriture dramatique, quelques pièces composées "pour un théâtre de famille", des comédies "plaisanteries de société",  une "tragédie biblique". On retiendra de cette production, outrela variété des thémes, l'esquisse du drame Sapho en 1811, qui reprend le motif staëlien de la femme dont le génie créateur se heurte à l'incompréhension de la société. Mais, à la veille de la Révolution, une scène bien plus captivante s'offrait à elle : l'Histoire, où son père joua un rôle importante et dont elle aaspira toute sa vie à écire le scénario. 

      En aoüt 1788, Jacques Necker fut rappelé par Louis XVI, l'État risquant la banque-route. Ses tentavies pour accorder des partis chaque jour plus inconciliable se soldèrent par un échec. Son second renvoi et son éloignement par le roi, le 11 juillet 1789, contribuèrent à déclencher le soulèvement du 14 juillet. La baronne de Staël fut ainsi aux premières loges d'une révolution où son père connut son heure de gloire, lorsque rappelé par le roi, les Parisien l'acclamèrent. Mais la rou révolutuionnaire tourna , et Necker dut partir. En 1792, la défaite du groupe "libérale", dont Mme de Staël était l'animatrice, la contraignit à un premier exil à Coppet. Là, elle rédiegea le "premier vrai grand texte entièrement staëlien" : Réflexion sur le procès de la reine, publié sans nom d'auteur, où elle prenait la défense d'une femme humiliés et injustement accusée. 

      Revenue à Paris en 1794 avec Benjamin Constant dont elle avait fait la connaissance le 18 septembre et qui fut, sans doute, sa relaction intellectuelle et amoureuse la plus importante, elle s'efforça d'infléchir cette "grande époque de l'ordre social" dans le sens de ses idées libérales. On peut suivre dans Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la République en France la pensée politique de Mme Staël cherchant une voie de stabilité dans le maquis des événements, conduisant à une monarchie constitutionnelle à l'anglaise ou à une république fondée sur des principes démocratiques, protégée des dérapages et des horreurs de la Terreur et de ses "atroces calculateurs". Elle revint sur ces événements dans ses Considérations sur les principaux événements de la Révolution française (posthume 1818). Ni le Directoire, ni le Consulat, ni l'Empereur ne prirent le risque de la laisser séjourner longtemps à Paris. Elle crut un temps voir en Bonaparte l'homme capable de redonner vie à l'esprit de 1789. Mais la méfiance du futur empereur se mua assez vite en hostilité : il voyait en elle "une langue de vipère", et une irréductible adversaire, ce qui était parfaitement vrai. 

      Mme de Staël fut une amoureuse à répétition. Outre Louis de Narbonne et son compatriote Constant, elle collectionna les amants ; parmis eux un Suédois, le comte de Ribbing, le Français Prosper de Barante, le Suisse Sismondi, l'Allemand August-Wilhelm Schlegel, et même, à l'occasion, Talleyrand -à défaut de pouvoir séduire Napoléon. Avec De la littérature considéré dans ses rapports avec les institutions sociales en 1800, un essaie qui, davantage qu'un "prospectus du romantisme" tente, dans l'esprit de Montesquieu, de "rendre intelligibles les grandes différences littéraires entre époques et nations", elle donna pour la première fois la pleine mesure de la richesse de ses intuitions. Cet "hymme à la littérature" esy un des textes fondateurs de lesthétique du XIXe siècle. Elle invite à puiser des thèmes nouveaux dans le passé des peuples, réhabilité le Moyen Âge chrétien, promeut la littératures du Nord, plus modernes, censées remplacer l'imitation sclérosée des modèles antiques propres à celles du Midi, défend l'idée d'une poésie renouvelée par la rêverie. Sur un plan théorique, elle esquisse les catégories fondatrices d'une histoire critique et comparée de la littérature, frayant la voie à ce qui ne s'appelait pas encore une sociologie littéraire. Consciente de l'imbrication entre littérature et politiquen elle suggère d'adopter un style nouveau entre le raffinements excessifs de l'Ancien Régime et l'emphase rhétorique de la phraséologie révolutionnaire.  Dès l'Essaie sur les fictions en 1795, Mme Staël tenait que "le roman (de moeurs) était la forme privilégiée de la littérature moderne". Inspiré du Werther de Goethe, Delphine, roman épistolaire publié en 1802, fut sa première fiction accomplie.

      En 1807, après ses voyages en Allemagne et en Italie -la France, où au moins Paris, lui était interdit-, elle publia Corinne ou l'Italie, autre grand roman "de l'amour condamné par cette fatalité moderne qu'est la société". La fiction illustre aussi l'impossibilité pour la femme de génie de vivre dans la société où elle doit vivre, fut-ce l'Angleterre que Mme Staël considérait comme un modèle à suivre. De l'Allemagne, son ouvrage le plus célèbre, ne visait pas seulement à présenter au public français la culture et la littérature allemandes. Combinant "le coeur qui souffre" et "l'esprit qui juge", Mme Staëly insère de multiples remarques personnelles. Le livre se conclut sur un éloge de l'enthousiasme et  de la faculté d'admirer. Comme elle ne souscrivait en rien à l'idéologie impériale glorifiant un Napoléon qui aurait libéré l'Allemagne de la féondalitéen y important les Lumières et le Code Civil, les gendarmes pilonnèrent en octobre 1810 le livre qui ne parue qu'e n 1813 à Londres. Mme Staël, il est vrai y soulignait la fécondité de la liberté intellectuelle qui réganit en Allemagne par opposition au classicisme froid et stérile caractéristique de la politique impériale. Entre 1810 et 1813, l'exilée alterna séjours à Coppet et voyages à travers l'Europe. À la chute de l'Empire, elle rentra à Paris.

      "La vie ne semble souvent qu'un long naufrage, dont les débris sont l'amitié, la gloire et l'amour. Les rives du temps qui s'est écoulé pendant que nous avons vécu en sont convertes." Tel etait peut-être son états d'esprit lorsque, lors d'un bal donné par le duc Decazes, favori de Louis XVIII, elle fut victime de l'attaque qui la laissa paralysée. Elle mourut le 14 juillet 1817. Quelques mois auparavant, Napoléon lui avait rendu de Saint-Hélène cet hommage : "Personne ne saurait nier qu'après tout Mme Staël est une femme de grand talent, fort distinguée, de beaucoup d'esprit : elle restera." Elle ne put voir le triomphe de ses idées qui ne s'imposèrent qu'avec la monarchie de Juillet, laquelle fit Benjamin Constant de grandes funérailles.

 

Date de dernière mise à jour : 06/06/2022

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