Pierre De Marivaux

Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux naît à Paris le 4 février 1688, quinze ans après la mort de Molière. Fils d'un bourgeois directeur de la Monnaie Royale, il passa une grande partie de son enfance en province. A l'instar de son père, Marivaux s'essaya d'abord au droit, études qu'il abandonnera pour l'écriture. Et peu après son arrivée dans la capitale, il devient, par l’entremise de Fontenelle, l’un des familiers du salon de Mme Lambert et reçoit l’approbation pour sa 1ère pièce de théâtre : « Le Père prudent et équitable » en 1712.  En 1710, il fréquentait déjà les salons parisiens, dont il reprendra l'atmosphère et les manières dans ses écrits journalistiques, dans le Nouveau Mercure de 1717 à 1719 et par la suite dans son propre journal, Le Spectateur Français de 1720 à 1724.

Auteur de plusieurs romans, dont « La Voiture embourbée » en 1714 et d’une série d’essais publiés par le Mercure : les « Lettres sur les habitants de Paris » en 1717 et les « Pensées sur la clarté du Discours » en 1719. Il achève de prendre parti dans la seconde querelle des Anciens et des Modernes en faisant paraître à la fin de l’année 1716, « L’Iliade travestie », roman parodique et burlesque. On devine donc qu’il prit partie des Moderne.

En 1720, Marivaux est pris par deux évènements importants : toute sa fortune - issue d'un riche mariage - disparaît dans le scandale de la faillite de la banque Law, et sa première pièce, « L'Amour et la vérité », est mise en scène. L'échec de sa pièce « Annibal », tragédie en 5 actes et en vers en 1720, le convainquirent que l'héroïsme et les vers classiques requis par le Théâtre Français (la Comédie Française) ne convenaient pas à son écriture, au contraire d' « Arlequin poli par l'amour » dont la fantaisie avait rencontré le succès avec le Théâtre Italien. Le Théâtre Italien de Lelio, qui était financé par le régent Philippe d'Orléans, devint alors son terrain d'expression favori. Les acteurs principaux de ce théâtre au jeu brillant et vivant, Thomassin et Silvia, interpréteront désormais les amoureux des pièces de Marivaux : le valet Harlequin et l'Ingénue. La comédie en prose irrégulière, qui apparaissait à l'époque comme un genre mineur, était alors méprisée par beaucoup de ses contemporains dont Voltaire.

Deux pièces permettent de caractériser le théâtre de Marivaux : « Arlequin poli par l'amour » et « Le jeu de l'amour et du hasard » en1730. On y retrouve un sens développé des nuances et des différents registres de l'émotion, et des jeux de mots habiles et spirituels. On y retrouve surtout le thème de la découverte de l'amour, d'un homme et d'une femme qui ne reconnaissent leurs sentiments qu'après l'intervention des autres personnages, alors que ces sentiments sont évidents depuis le début de la pièce pour le spectateur. L'obstacle à l'amour n'est plus, à la différence de Molière, un père tyrannique, mais la complexité des cœurs et de l'âme des protagonistes, complexité qui fera l'objet d'une exploration subtile. La préciosité verbale qu'on connaît aujourd'hui sous le nom de marivaudage est le reflet de la sophistication et de la sensibilité de cette époque. Le réalisme fait des avancées importantes dans les pièces de Marivaux : les serviteurs y ont des vraies émotions, et le milieu social est dépeint avec précision. Marivaux écrira une trentaine de pièces, dont les plus importantes, outre les deux citées ci-dessus, sont « La surprise de l'amour » en 1722), puis « La double inconstance » en 1722 et « Les fausses confidences » en 1737.

Après des succès importants au début, les pièces de Marivaux seront de plus en plus critiquées et auront de moins en moins de succès, amenant Marivaux à se tourner progressivement vers d'autres formes d'expression : journalisme, romans ou essais. Parmi celles-ci, deux romans inachevés, « La vie de Marianne » et « Le paysan parvenu » montrent le plus clairement la psychologie humaine selon Marivaux. Le premier célèbre les sentiments et les émotions de la femme, tandis que le second est le récit d'un jeune et beau paysan qui profite de l'attirance qu'il a auprès des femmes plus âgées pour évoluer dans la société.

Marié en 1717, il perd sa femme en 1723. Ruiné par la banqueroute de Law, et sa demande de succéder à son père est rejeté. Il fait s’orienter donc vers la carrière littéraire alors qu’en 1720 l’une de ses pièces, « La Mort d’Hannibal » à la Comédie-Française, et 2 autres au Théâtre Italiens : « L’amour et la vérité » et « Arlequin poli par l’amour ». Fondateur du journal Le Spectateur français en 1721, il mène conjointement une brillante carrière de journaliste et de dramaturge. Il fera aussi « Le Triomphe de l’amour » qui est une comédie en 3 actes et en prose, représenté pour la 1èrefois par les Comédiens Italiens le 12 mars 1732 au théâtre de l’Hôtel de Bourgogne.

Même si Marivaux fut élu à l'Académie française, en 1742 de préférence à Voltaire. Il ne connut pas la renommée de son vivant. Il décéda dans la pauvreté, et son œuvre ne reconnue que lorsqu'elle sera redécouverte par Sainte-Beuve au 19e siècle. Depuis, il ne sera dépassé en nombre de représentations et en gloire que par Molière.

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