Edgar Allan Poe

Une enfance triste

      Edgar Poe naquit sous une bien mauvaise étoile. David Poe, son père, était issus d'une famille de souche irlandaise aux moeurs rigoureuses. Clerc de notaires, il avait abandonné son. étude pour monter sur les planches, sans y connaître le succès, et pour suivre Elizabeth Arnold, une jeune commédienne, non dénuée de talent, dont il eut trois enfants. Il a William née en 1807, puis Edgar née le 19 janvier 1809, puis une petite soeur, Rosalie, née en décembre 1810. David Poe ne vit pas naître sa fille : il avait déserté le foyer conjugal et mourut peu après on ne sait pas trop où, ni quand, sans doute des suites de la tuberculose.  Le ménage n'avait pas tenu. Il fallait courir le cahceton, et mener l'existence misérables des comédiens itinérants. La tuberculose emporta à son tour la mère d'Edgar, alors en tournée à Richmonde. À 24 ans, elle laissait trois orphelins sans ressources. 

      William fut recuilli par sa tante Maria Clemm, Rosalie par des commerçants aisés, les MacKenzie, et Edgar par l'une des familles respectables de Richmond, les Allan, Le père "adoptif, John Allan riche négocianten tabac, fit modifier son état civil, le 7 janvier 1812. Edgar Poe, l'orphelin du Nord, avait été baptisé dans l'église presbytérienne, devant Edgar Allan Poe, héritier putatif -l'adoption ne fut en fait jamais officiellement entérinée- d'une riche famille du Sud. Il était promis à un avenir brillant, d'autant plus qu'il se distinguait par sa vivacité et son intelligence. Edgar fut envoyé successivement en Écosse chez une tante de John, dans une école réputées à Londres, à Stoke Newington, où un certain révérend Bransby lui enseigna des rudiments de français, de latin et de littérature. 

Artilleur dans l'armée fédérale

      La santé fragile de madame Allan rt l'effrondement des cours du tabac en 1819 décidèrent John Allan à retrourner l'année suivante à Richmond. Inscrit à l'English Classical School, le jeune collégien, excellent élève et nageur hors pair, vit, à mesure qu'il grandissait, ses rapport avec son père se dégrader. Edgar reprochait à son père sa conduite adultère. Edgar trouva un temps quelque réconfort auprès de la mère d'un de ses camarade. Jane Stanard, dont il "s'éprit", mais nouvelle perte cruelle, elle mourut tuberculeuse et folle un an aorès leur "rencontre". Ce premier "amour de {son} âme, amour purement idéal", lui inspira un poème, Stances à Hélène, publié en 1831. il s'éprit aussi d'une jeune fille de son âge, Elmira Royster, mais le père de celle-ci s'empressa de la marier à un riche commerçant. 

      Poe quitta la maison des Allan en mars 1827 pour commencer une vie de bohème. Il signa alors son premier recueil de poème, Tamerlan et autres poèmes, "écrit par un Bostonien". Boston, qui était à cette époque la capitale littéraire, ignore la livre. Deux moi après, il s'engagea sous le nom d'Edgar A. Perry comme artilleur dans l'armée fédérale où la vie de garnison lui laissa du loisir pour écrire.  Il composa notament Al Aaraaf, nom en arabe de "l'étoile paradis" des vrais artistes. Ce poème narratif de plus de quatre cents vers, inspiré par la découverte d'une supernova par Tycho Brahe en 1572, fut le plus long jamais rédigé par Poe, qui en proposa, comme Tamerlan, plusieurs versions, s'efforçant de l'améliorer au gré des éditions. Y affleuraient pour la première fois ses conceptions sur l'art et la beauté pure, ainsi ques ses intuitions sur l'harmonie universelle. 

      La mort de Frances Allan, en févier 1829, permit un semblant de réconciliation entre Edgar et John Allan, ce dernier consentant à l'aider à rentrer à l'Acadéie militaire de West Point. Avant d'intégrer la célèbre instituin, il vécut chez sa tante Maria Clemm, où il se lia avec sa jeune cousine, Virginia. À West Point, il contracta à nouveau des dettes, que son père refusa de régler. Edgar se fit expluser de l"Académie le 28 juillet 1831. Grâce à une souscription lancée auprès de ses anciens camarade de West Point, Poe put publier, en avril 1831, un recueil dédié au "Corps des Cadets des États-Unis". La tonalité plaintive et amère de pièce comme Israfel, Stances à Hélène, La Cité des damnés ou La Dormeuse, qui peut être lu dans la traduction qu'en donna Mallarné, à du décevoir leur attente.

Les extravaguances d'un récit maritime

      En octobre 1833, le premier du prix du concours du Baltimore Saturday Visiter remporté avec la nouvelle Le Manuscrit trouvé dans une bouteille lui confera un début de notoriété. Dans ce pastiche sur le thème du Hollandais Volant, Poe, tout en maîtrisant avec brio les poncifs du genre, parodie l'extravagance des récits de voyage. Parallèlement, il entamait une carrière de journaliste au Southern Literary Messenger. Il se fit une solide réputation de critique, fustigeant la platitude des écrivains alors en vogue. En mai 1836, il épouse sa cousine Virginia, alors âgé de 14 ans -on déclara qu'elle en avait 21-, et le couple s'installa avec sa tante, devenue sa belle-mère, à Richmond. Travaillant ardement, il contribua au succès de la revue sans en tirer beaucoup de bénéfice. S'étant brouillé avec Whiten le directeur, il abandonna la revue quitta la Virginie pour tenter sa chance à New York. Cela interrompit la publication de son unique roman, un récit maritime : Les Aventures d'Arthur Gordon Pym.  Poe, qui avait échoué à New York se fixa à Philadelphie où, ayant obtenu le poste de rédacteur e, chef adjoint du Graham's Magazine, il put, malgré sa charge travail, publier quelques-uns des contes qui firent de lui un maître en fantastique. 

      Ligeai en 1838, son meilleur conte à ses yeux, et La Chute de la maison Usher en 1839, développent le thème du revenant. Si des éléments "auto-biographique" ont certainement pesé dans la composition de Ligeia, la force du récit ne réside pas tant dans le fantastique que dans la description dy désir pathologique et obsessionnel du mari de voir revivre sa première femme. En plus de la dimension fantastique dans La Chute de la maison Usher, Poe puisa dans la mythologie scientifique de son temps. Il fut, sinon, d'un des créateurs de la littérature science-fiction, du moins un des précurseurs de Jules Verne. À 32 ans, Poe traversait la période la moins malheureuse de sa vie. 

Un tragique mêlé de parodie

      À cette époque parut Double assassinat dans la rue Morgue, et en 1842, Virginia tomba gravement malade. Poe, très affecté, n'en publia pas moins Le Portrait ovale et Le Masque de la mort rouge, puis en 1843, Le Chat noir et Le Scarabée d'or. Mécontent de la politique du Graham, il quitta la revue se retrouvant de nouveau sans emploi stable. Sa tendance à s'adonner periodiquement et sans mesure à la boisson lui ferma certaines portes. Ce fut pourtant à ce momentde sa vie qu'il connut une vraie célébrité grâce à un poème de dix-huitsizains de vers octosyllabiques intitulé Le Corbeau. Comme toujours chez Poe, le tragique se mêle intimement à la parodie. Le succès fut immédiat, et Poe fut invité à réciter le poème et à donner de nombreuse conférence. Il faisait l'évènement sans pour autant en tirer profit.

Un héroïque et utlime élan

      En 1846, la santé déclinante de Virginia la contraignit à s'installer dans un petit cottage de la banlieue de New York. Le 30 janvier 1847, ultime et immense perte pour un homme dont la vie fut jalonnée du deuil d'être chers, Virginia mourait de la tuberculose. Elle avait 24 ans. À partir de 1848, la santé psychique de Poe déclina. Ne pouvant plus écrire, il perdit tout moyen de subsistance, sinon la charité d'amis et d'admirateurs plus ou moins sincères. Dans un héroïque et ultime élan, il se lança un dernier défis : résoudre une énigle bien plus ardue que toutes celles que Dupin aurait pu déchiffrer, l'énigme de l'Univers avec Eurêka

      En fait, Poe continuait sous une autre forme son entreprise littéraire, réunissant dans un ultime feu d'artfice la triple figure du poète, du détective et de l'homme de science. Il vit l'aboutissement de son oeuvre : "Je n'ai pas de désir de vivre, puisque j'ai fait Euréka. Je ne pourrais accomplir rien de plus." Il ne devait pas survivre longtemps. Après un dernier retour à Richmond pendant l'été 1849, il se rendit à Baltimore où, malade et ivre, il erra quelques jours. On était en pleine période éléctorale et des militants rabateurs faisaient volontiers boire les gens de passage afin  de les inciter à voter. Poe a-t-il  été victime de ces individus ? On le retrouva, gisant devant un estaminet qui servait de bureau de vote. Il mourut quelques jours plus tard. 

Date de dernière mise à jour : 13/05/2022

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