Chiyo-ni

Introduction

       Chiyo-ni est l'une des rares "haïjins" (=celui qui écrits des haïkus) femmes, et sans doute la seule à fasciner autant dans un genre largement domineé par les hommes. Elle sera aussi peintre, et poétesse de la période Edo. Étonnant parcours que celui de cette femme qui sera tour à tour chef d’entreprise, nonne, professeur, voyageuse et… avant tout, haijin et calligraphe. Une vie accomplie « bien qu’elle soit une femme », à sa façon de femme, sans rien renier de sa féminité.

Chiyo ni haiku

Sa vie

        Lorsqu'elle naît en 1703, dans une petite ville de la côte est de l'archipel, le Japon est en pleine floraison poétique : un nouveau format, le haîku ou poème bref récemment codifié et défini par le maître Matsuo Bashö, se répand et s'échange dans toutes les sociétés littéraires du pays. Le petit "dix-sept syllabes", poème de la fugacité et de la simplicité, est en train de détrôner la poésie classique de Cour. Chiyo-ni a-t-elle profité de cette petite révolution poétique ? Sans doute, car l'encre, l'écriture et l'art lui sont familliers depuis sont plus jeune âge. Elle est fille d'une sorte d'imprimeur, qui vent des rouleaux de calligraphie aux artistes et poètes de passage. 

      La poésie accompagne Chiyo-ni tout au long de sa vie, et dans toutes ses métamorphoses de femmes : fille dévouée, elle sera en charge de l'entreprise familliale dès la trentaine, quand ses parents meurent.  Elle se marie à 18 ans mais son mari et son enfant meurt deux ans plus tard. Et à lâge de 52 ans, elle choisira de devenir bonzesse (=Nonne bouddhiste.) pour élèver son art poétique à ce qu'il est dans ses racines mêmes : le versant littéraire d'une pratique spirituelle, le bouddhisme zen. Lors de son ordination elle prend pour nom Soen, ou "Jardin nu". Et elle écrira le jour de son ordination : « Je ne rejette pas le monde, mais à cause d’un profond sentiment solitaire d’impermanence je recherche une voie où mon cœur puisse s’abreuver à la source pure qui coule nuit et jour ».

      Ces différentes facettes, pleinement vécues et assumées semble-t-il, ont été soutenues chez Chiyo-ni par son engagements sans faille pour la poésie qui lui a permis de voyager seule dans tout le pays ; de rencontrer les hommes, grâce à son statut d'artiste, sur un pied d'égalité : de s'affirmer autonome tout eu longe de sa vie. Sa production poétique sera une source jamais interrompue : elle écrit ses premier haïkus à l'âge de 6 ans, devient à 16 ans l'élève d'un disciple de Bashö, Shiko Kagami, et dans sa maturité transmettra à son tour son art poétique. Même le grand Buson, qui considérait les haïkus de femmes comme "faibles et sentimentax, finira par lui demander des préfaces. Elle se lie avec la plupart des haïjins (auteurs de haïkus) les plus réputés de cette époque. Elle est parfois désignée sous le nom de Kaga no Chiyo.

Elle moura en 1775.

Pourquoi un tel engagement ? Il y a d'abord l'enthousiame sensoriel de Chiyo-ni qui réveillerait les plus blasés. Tout au long de ses haïkus, ciselés comme de la porcelaine fine, elle diffuse son émerveillement face à,la nature, nous contant l'ouverture des volubilis au son d'une cloche, le scintillement des pluies de printemps sur toutes choses, le vol des hérons tel des flocons de neige. Si cet émerveillement est un socle commun à tous les haïjins, il jallit chez elle au coeur d'une épure bouleversante comme dans ces deux haïkus.

eau pure -

pas d'endroit

pas d'envers

laisse de mer - 

tout ce que je ramasse 

est vivant

  Il y a surtout se légèrté, cette fameuse karumi que le genre réclame, quand elle confie par touches subtiles ses vécus les plus profonds : son sentiment de solitude en contemplant les cerisiers sauvages, sa manière de se sentir femme quand elle change de kimono...jusqu'à son utlime haïku, le fameux "jisei" qui accompagne la mort de tout haïjin.

la source est fraiche

les lucioles s'éteignent

il n'y a rien d'autre

Date de dernière mise à jour : 17/03/2023

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